Des cas de sorcellerie.

          Les historiens évaluent à 30 000 les procès de sorcellerie intentés en Ardenne du XVe au XVIIIe siècles, et à 20 000 les exécutions capitales auxquelles ils donnèrent lieu. Il n’est donc pas étonnant que des cas de ce genre se soient rencontrés également dans le comté de Salm. Cependant, les archives ne se montrent pas très bavardes sur ce sujet (1).

- Marguerite Antoine COLLIGNON, épouse de Michiel Jean BROUNE, de Rogery. Celui-ci vend, le 9 mai 1599, à son beau-frère Remacle Collignon, sa part de maison provenant de sa femme « laquelle entre autres estant retournée es mains du seigneur pour cause des malversations de sortilèges desquelles et duquel sa première coioincte a esté attaincte, convaincue et puis suppliciée », cette part avait été confisquée par le comte de Salm, puis rahetée par Michiel (2).

- Maroye Jean AUBINETTE, épouse de Jean BASTIN, de Rogery, fut « attaincte et convaincue du maléfice de sortilège et suppliciée ». Le comte de Salm qui avait confisqué ses biens, accepta de les rendre à son époux le 15 janvier 1601 (3).

Texte :

« Transport
  Le sr. Jean Biever officier et recepveur au comté de Saulme transportant ;
Et Jean Bastin mercier de Rogeris.

Le xve iour de janvier 1601, pardevantes mayeur et justice de Laloux au comté de Saulme, personnellement comparu le sr Jean Biever officier et recepveur du comté, at rapporté sus au nom de son sr et maistre Monseigneur le comte recognoissant avoir transporté, laissé, regratié et werpys ; comme par et en vertu de ceste, il transporte, laisse, regratie et reoctroye, à Jean Bastin mercier inhabitant au village de Rogeris présent le recoivant ; tous telz biens, héritages qui estoient mouvans et appartenans et pouvoient avoir esté appartenans à Maroye Jean Aubinette iadis son espouze ês premières nopces, soit par succession héréditaire, soit par autre manière quelqu’une sans rien horsmectre ny excepter, à l’exclusion de tous autres quelconques ; desquels s’estant dévesty et déshérité au nom de son dit seigneur et maistre, avec quictance et guerpissemens faicte ainsi que de coustume en tel cas. En est rendue la vesture et adhéritence en conformité du stil de ceste court, audit Jesn Bastin pour luÿ, ses hoirs, successeurs, représentans et aians cause, à perpétuité.
Le tout faict à la bonne foy et pour plusieurs bons respects et considérations qui ad ce faire auroient esmeu et induict mon dict seigneur au prouffict duquel les biens que dessus estoient retournez pour avoir esté la susdicte Maroye attaincte et convaincue du maléfice de sortilège et du sur plus iuridicquement à telle occasion suppliciée.
Ainsi advenne à la Vieille Saulme les iour, mois et an que dessus ».




(1) G. REMACLE « Vielsalm et ses environs », Vielsalm, 1968, pp.75/76.
(2) CS. 1596-1603/58.
(3) CS. 1596-1603/201.