Le 31 janvier 1714, les habitants de Rogery déclarèrent qu’ils avaient l’intention de faire ériger une chapelle, sans vouloir se soustraire aux charges qu’ils avaient envers l’église paroissiale de Bovigny et son presbytère, non plus qu’aux droits du pasteur de Bovigny. Le vicaire devait célébrer une messe annuelle au mois d’octobre à l’intention d’Anne du Chêne, qui avait fourni l’emplacement de la chapelle et de la maison vicariale (1).
Cette maison vicariale était située tout près de la chapelle, à sa gauche. Elle se voit encore sur le plan de l’Atlas des communications vicinales.
Selon l’inventaire de 1750, Il était composé au rez-de chaussée, de 1 cuisine, 4 chambres, de greniers, d’une cave.(1 a)
Il a servit d’école jusqu’en 1852 (2).
En 1858, de sérieux travaux furent effectués au presbytère, par Jean-Henri DERROANNE, pour un montant de 202 fr.
Le mur du jardin du presbytère fut construit par Mathieu NOEL, en 1862.
Le 7 juillet 1872, le Conseil de fabrique de l’église de Rogery (représenté par François-Joseph RUTH président, OTTE, BEAUPAIN, J.H. DACO secrétaire, Victor JACOB et MORSOMME), considérant que la maison presbytérale de Rogery consistait en un vieux bâtiment en mauvais état et qui dans la condition n’était plus propre à sa destination. Considérant que le titulaire « actuel » était démissionnaire et qu’il ne serait remplacé qu’à condition de construire un nouveau bâtiment.
Le conseil déclara que le compte de la fabrique pour l’exercice 1871 accusait un reliquat de 83,75 frs., décida qu’il y avait lieu de procéder dans le plus bref délai possible à la construction d’un nouveau presbytère. La délibération fut transmise au Conseil communal de Bovigny, afin d’aviser aux moyens de parvenir à cette fin.
Le 4 août 1872, le Conseil communal de Bovigny déclara qu’ensuite de la délibération du Conseil de fabrique de l’église de Rogery, exposant la nécessité dans laquelle il se trouvait de pourvoir la paroisse de Rogery d’un nouveau presbytère. Le conseil communal, considérant que les motifs allégués étaient fondés et que les revenus de la fabrique ne lui permettaient pas de faire les dépenses de cette construction, décida qu’il serait construit aux frais de la section et que la dépense occasionnée de ce chef serait couverte par la quote-part de la section de Rogery dans les fonds provenant de la concession vendue en 1851 au comte de CORNELISSEN (5 300 frs.) ; par une somme de 3 000 frs. à provenir d’une coupe extraordinaire de sapins dans le bois communal de la section de Rogery. Le reste de la dépense par un subside de la province et de l’Etat.
Le Conseil communal demanda que l’architecte provincial soit envoyé sur les lieux, le plus tôt possible, afin de procéder au plan et devis estimatif des travaux du bâtiment à construire.
« Le plan d’une partie du village indique la situation qu’occupera, par rapport aux constructions existantes, le bâtiment à élever. L’exposition de l’emplacement vers le midi explique le tracé du projet, qui a été fait en vue de donner accès aux rayons du soleil, à toutes les places de l’habitation, la cuisine au levant, la salle à manger et le salon au midi. Le retrait de la salle à manger vers l’Est de l’emplacement, a permis de donner au salon le jour sur le jardin, par le moyen, bien que le bâtiment sera construit, contre le chemin l’intérieur en sera calme, et entièrement soustrait aux regards du public. La construction de l’écurie et du bucher au nord, garantira l’habitation contre les froids intenses de l’hiver, par son établissement contre le chemin, l’accès et la circulation du bétail sera extrêmement commode et sans aucune gène pour le corps principal de la construction ».
Le 19 juillet 1873, le Conseil communal de Bovigny déclara que le plan du presbytère à construire à Rogery fut approuvé par la commission des monuments le 13 mars 1873 ; que le devis estimatif et le cahier des charges pour cette construction se chiffre à 15 250,12 frs.
Les 2/3 de la dépense devaient être couverts par le produit de 2 coupes extraordinaires de sapins faites dans le bois communal de Rogery en 1873 (2 260 frs.) ; par le produit d’une vente extraordinaire d’essarts à faire en 1874 dans le bois communal (740 frs.) ; La quote-part de la section de Rogery dans les fonds provenant de la concession vendue en 1851 au comte de CORNELISSEN (5 300 frs.) ; sur le principal de la concession vendue à M. DELVAUX (1 866,75 frs.) ; soit au total : 10 166,75 frs. Le 1/3 restant soit 5 083,37 frs. par un subside de la province et de l’Etat.
Le 28 octobre 1873, les membres du Collège des bourgmestre et échevins de la commune de Bovigny, assistés de Jean-Henri DACO, secrétaire communal, en présence de l’architecte provincial, après avoir publié des annonces dans les journaux « L’annonce de Stavelot », « L’Echo », et « La voix du Luxembourg » et avoir placardé des affiches dans les cantons de Vielsalm et Houffalize, avaient dressé le procès-verbal d’adjudication du presbytère à construire à Rogery.
Ils communiquèrent les plans et donnèrent lecture du devis estimatif. Le toit devait être posé le 1er octobre 1874 et entièrement terminé pour le 1er juillet suivant. Il était convenu que « Les matériaux à provenir de la démolition du vieux presbytère appartiendront de droit à l’entrepreneur ».
On procéda à l’adjudication publique au rabais, sur la mise à prix de 20 000 frs. par Mr. DUCHENE, entrepreneur de travaux publics à Vielsalm et, après plusieurs rabais successifs, cette somme fut portée à 18 440 frs. par Pierre Henri LECOQ entrepreneur aux Tailles (3 feux s’étant éteints sans nouveau rabais), qui remporta cette adjudication. Edouard HALLET, propriétaire à Houffalize se porta caution.
Le 10 novembre 1875, le bourgmestre SEVRIN écrivait au gouverneur, afin qu’il soit procédé à la réception des travaux du presbytère. « Le presbytère étant déjà occupé par le curé de la paroisse ».
Le 6 avril 1876, procès-verbal de réception provisoire par Jean-Louis VANDEWYNGAERT, architecte provincial de 1e classe à Arlon. En présence des autorités communales et de l’entrepreneur, il procéda à la vérification des ouvrages. Il déclara qu’ils étaient généralement exécutés suivant les prescriptions du devis estimatif et les conditions du cahier des charges. Il remarqua que les « n.ues et les faitières des toitures qui ne paraissent pas entièrement étanches. Il en est de même pour la toiture sur laquelle plusieurs ardoises manquent et d’autres qui sont brisées ». Il est ajouté que ces malfaçons « ont été produites par l’ouragan qui a sévi le 12 mars 1876 ». L’architecte observa que le peu de dégradations à cette partie du bâtiment était une preuve de la solidité de celui-ci.
La menuiserie servant de fermeture à la cage d’escalier à son débouché sur le grenier devait être peinte. Il manquait aux crémones des fenêtres, les brides d’attache de la tige. Les plats verrous des petites fenêtres devaient être remplacés. Les poignées des serrures des portes devaient être fournies d’un modèle uniforme. Le cordon du soubassement devait être taillé à chanfrein afin de faciliter l’écoulement des eaux. Les descentes d’eau devaient être prolongées jusqu’en contrebas du cordon de soubassement et il devait être fixé sous chaque descente une pierre d’environ 80 cm. de longueur, légèrement évidée pour faciliter l’éloignement des eaux pluviales du pied du soubassement. Tout autour du bâtiment, les terres devaient être déblayées de telle sorte que la pente rejette les eaux en arrière des faces de la construction.
L’architecte déclara que les fondations ont été creusées ç 45 cm. en plus de la profondeur prévue par le devis.
La réception des travaux fut approuvée par le conseil communal de Bovigny le 13 mars 1877 (Bourgmestre JJ. SEVRIN, secrétaire JH DACO)
Elle fut rasée lors des travaux d’agrandissement de l’église en 1874. Le presbytère fut reconstruit de l’autre côté du chemin vicinal, la même année, sur le terrain nommé le « tchèsa ». Sur plans de l’architecte CUPPER, de Bastogne (3). Il fut restauré en 1925-26 (4).
Le presbytère.
Le 2 novembre 1944, le presbytère est endommagé par la chute d’une bombe volante tombée à 100 mètres. Réparé en partie, il subît à nouveau des dégâts lors de l’offensive von RUNSTEDT (5).
Suivant constat du 7 mai 1945 des dégâts survenus au presbytère de Rogery, on apprend notamment que la couverture en ardoises a été détruite par les éclats d'un obus, que 10 vitres ont été brisées. Selon un devis, on découvre que le fournil adjacent fut également en fort mauvais état. C'est en tout une somme de 157 249,74 frs qu'il fallait débourser pour restaurer l'ensemble.
Le 7 avril 1946, à l'unanimité le Bureau des Marguilliers de la Fabrique d'église de Rogery, vu l'importance des travaux de restauration à effectuer au presbytère, désignait Léon LAMY, architecte à Arlon, pour dresser un projet de cette restauration.
C'est l'entrepreneur Julien MABOGE, de Nisramont qui remporta la soumission.
En juin 1976, il était désaffecté et à vendre (6).
(photographies de Georges ANTOINE)
Le presbytère.
Depuis quelques années, il a servi de gîte touristique.
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Site parlant du presbytère :
L. GRAILET « Des Russes dans la Cédrogne (1914-1918) ».
Sources :
(1) O. GRANDJEAN, Manuscrit.
(1 a)AESTH. Archives de Brno, sur microfilms.
(2) A.SIMONET/J.-M.CAPRASSE « Inventaire archéologique de l’arrondissement de Bastogne, des origines au XIXe siècle », le canton de Vielsalm, V, 1976.p.58.
(3) O. GRANDJEAN, Manuscrit.
(4) A.SIMONET/J.-M.CAPRASSE « Inventaire archéologique de l’arrondissement de Bastogne, des origines au XIXe siècle », le canton de Vielsalm, V, 1976.p.58.
(5) AP. Rogery, Liber Memorialis.
(6) A.SIMONET/J.-M.CAPRASSE « Inventaire archéologique de l’arrondissement de Bastogne, des origines au XIXe siècle », le canton de Vielsalm, V, 1976.p.58.
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