Le 1er octobre 1795, la république française déclara les provinces des Pays-Bas réunies à la France, le comté de Salm cessa d’exister, son administration fut supprimée, ses biens publics, château, moulins, bois, terres furent séquestrés. Le ci-devant pays de Salm, avec le ban de Lierneux, constitua le canton de Vielsalm, rattaché au département de l’Ourte. Vielsalm devînt chef-lieu de ce canton. Selon le système nouveau et la constitution, chaque localité un peu importante constitua une commune, ayant à élire des agents. Rogery devînt une commune, puis fit partie de la commune de Bovigny. Dès 1792, des réquisitions par les troupes françaises astreignaient la paroisse de Bovigny. Le 16 mars 1794, la chapelle St-Eloi donna 14 florins à Sa Majesté pour contribuer aux frais de la guerre. En 1797, la république imposa aux citoyens des deux sexes, le port de la cocarde tricolore, sous peine d’être poursuivis comme réfractaires.
En 1798, le canton de Vielsalm fut contraint de faire disparaître dans le plus bref délai, tout signe extérieur du culte, tels que croix sur les cimetières, sur les clochers et lieux publics. La république fit descendre et peser les cloches, en vue de leur enlèvement. La caisse de la chapelle de Rogery donna 1 couronne à Baptiste PAULUS qui fit descendre la croix de la chapelle.
Fin 1798, des groupes réfractaires à la suppression des libertés religieuses et surtout à la conscription se formèrent dans le canton de Vielsalm, les « brigands » comme la république les appelait, prirent les armes. Ils parvînrent à rassembler environ 3.000 partisans. Le général MICAS mit le canton en état de siège, La république, excitée par les troubles que suscitait dans la région la confection des listes de miliciens, menaça d’envoyer la force armée dans les communes récalcitrantes, aux frais de celles-ci. Le 27 novembre 1798, MICAS déclara que l’ordre était entièrement rétabli dans le canton, qu’il levait provisoirement le siège. En 1799, le canton de Vielsalm annonça que les cloches avaient été conduites à Malmédy, qu’il n’existait plus aucun signe extérieur du culte. La chapelle de Rogery livra une cloche de 160 livres.
Selon délibération du Conseil municipal du 21 juin 1799, les agents municipaux ne trouvèrent personne pour les accompagner à la perception des contributions dans le canton de Vielsalm, les citoyens estimaient qu’ils étaient trop astreints à celles-ci.
L’administration nomma d’office, pour cette besogne, une série d’agents percepteurs. Pour Rogery, ce fut Michel COLLETTE qui fut désigné. Ces agents refusèrent ce travail ou se déclarèrent impuissants à percevoir les arriérés d’impôts. On les révoqua le 27 janvier 1800.
L’administration dut envoyer ses propres agents, puis aura recours au moyen extrême, le placement de soldats garnisaires chez les récalcitrants.
Le 28 avril 1800, Paul BENOIT, de Rogery et d’autres furent présentés à Charles-Joseph SALM-REIFFERSCHEIDT « pour être admis pour les gardes des forêts et des bois (…) situés dans la ci-devant terre de Salm », appartenant encore à l’ancien comte, lequel ayant considéré que les candidats « remplissoient et réunissoient les qualités requises, et conditions exigées (…) nous les avons nommés, comme nous les nommons par cette, gardes des forêts et gardes champêtres (…) ils prêteront entre nos mains le serment de fidélité à la Constitution ».
Au début du régime français, on ne compte plus les conscrits réfractaires... Ainsi Jean-François PAULUS, fut jugé comme déserteur le 5 janvier 1809.
Après la chute de Napoléon, les Prussiens administrèrent la région durant les années 1814 et 1815. Puis elle fut rendue au Grand-Duché de Luxembourg, apanage du roi des Pays-Bas.
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G. REMACLE "Vielsalm et ses environs", Vielsalm, 1968.
O. GRANDJEAN, Manuscrit.
Collection "Glain et Salm, Haute Ardenne".
AEL. Fonds français; Liste nomminative des conscrits réfractaires...
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