mercredi 24 décembre 2008

Des jeunes gens de Rogery au Congo.

(mise-à-jour le 25/02/09)



A l'entrée du cimetière de Bovigny figure une pierre commémorative portant les noms des jeunes hommes de la commune de Bovigny morts au Congo, dont 2 originaires de Rogery: Lucien PAULUS et Henri PAULIS (photographie de Georges ANTOINE).


Lucien PAULUS (1868 - 1900)

Charles-Lucien PAULUS, né à Rogery le 24 décembre 1868, fils de Jean-François PAULUS et de Marie-Catherine MORSOMME.
Lucien, agronome, s’était embarqué pour l’Afrique le mardi 4 avril 1899, avec un LALLEMAND, de Bêche, un PUTZ et un FEYEN, de Salmchâteau.
Lucien PAULUS, agronome, meurt en célibat à Kéro (Congo) le 23 janvier 1900, âgé de 31 ans.



Acte de décès de Lucien PAULUS, extrait de l'état-civil de Bovigny (photographie de Georges ANTOINE).




Henri PAULIS (1874 - 1908)

Henri-Joseph PAULIS, né à Rogery le 3 juillet 1874, fils de Jean PAULIS et de Marie-Anne MOSTERT.

Par les quelques documents qui vont suivre, on peut se faire une idée sur le départ d'Henri vers le Congo:


« Manhay le 27 décembre 1902

Cher parents

J’ai très bien reçu la lettre que mon frère Joseph ma écrit en date du 3 décembre, aissi que le journal avec l’article du Congo.
Je doit vous dire concernant le Congo. Je persiste toujours dans mes idée, car il y a un Mosieur, qui ma déjà recommander à la Conpagnie des produits du Congo, dont le Directeur ma déjà écrit que jaille me presenté au bureau de Bruxelles. Mais je veux encore un peu attendre.
Au sujet de la fête de Noêl je croyait bien retourner, mai le temp n’était pas trop favorable et le chemin est long.
Je me suit résolu à paser la fête içi.
Je suit toujours en bonne santé espérant le même chez vous.
Je n’ai pas pu écrire plus vite à causse que j’ai de la besogne à volonté vous savez quand on reste seule est qui fâ fé si pitit manètche on a di l’ovretche assez ont tûsse wère à ses baselles alez.
Je n’ai pas beaucoup de nouvelles à vous raconter, car c’est toujours la veille ritournelle ici.
Je m’amuse toujours bien en fesant mon service jusque. Je termine ma lettre et vous prie d’agréez mes sentiments respectueux, ainsi qu’à mon beau frère Alphonse.
Veuillez aussi présenter mes amitiées à Piter Maron et dite lui quand je retournerai je lui ferai cadeau d’une bonne petite pipe.
Henri Paulis.
Minuit 1heure, il est temps d’allé couché.
En attendant de vos nouvelles »


« Manhay le 13 mai 1903

Cher frère,

Comme je t’avait écrit que j’allait quitté Adeline Renard. Je viens par la présente te faire savoir de venir vendredi ou samedi sans fate avec le tombereau pour reprendre mon petit mobilier.
Je retourne samedi ou dimanche à Rogery et lundi je part à Liège chez Mr A. Wiser une des plus grosse maison de la Belgique.
Veuillez aussi demandé chez Jacob Ruth s’il ont des cabû et s’il y en à veuillez en amener 200 pour Joseph Renard Maréchal à Manhay.
Si tu viens vendredi tache de venir pour être la ver midi et si c’est sammedi toujour pareille mais ne viens pas loger car nous seron déjà à deux.
En attendant mes amitiées sinceres à toute la famille
Henri Paulis. »


« Liège le 12 juin 1903

Cher parents

J’ai bien reçu votre lettre du 9 courant ; mais vous devrez me pardonné le retard de ma lettre.
J’ai très peut de temp pour pouvoir écrire et puis je ne savait pas au commençement si je resterai longtemp, car c’est une bazar chez Wiser comme je n’ai jamais vu.
J’aime encore mieux allez déchirer ma vie au Congo ou en Amérique que de falloir continué à servir dans des bastreinques pareil.
Au sujet de la fête j’aimerai bien de pouvoir retourné, mais c’est beaucoup de la dépense à faire pour moi, vu qu’ici on dépense déjà beaucoup et trop et on ne saurai faire autrement, c’est pourquoi que la ville ne me plait pas du tout.
Probablement si je retourne, je serai toujour à midi chez vous.
Quand au cirage pour les harnais je vous en enverrai quelques boites quelques choses de très bons qui mintiend le cuivre beau, quand au journal tu le recevra toutes les semaines n’importe lequel seulement fait me le savoir.
Entretemp recevez mes cordial amitiées.
Henri Paulis. »

« Liège le 29 aout 1.3

Cher frère

Bien reçu ta lettre en dâte du 17-7-03 tu me pardonnera le retard de ma reponse.
Comme tu me disait, sur ta dernière lettre que tu aimerai bien de venir un dimanche à Liège, tâche donc de venir un dimanche ou l’autre, ou attendre le mois d’octobre, nous aurons la foire, il y aura plus d’agréements que maintenant ; seulement fait moi savoir quand tu viendra et prend Michel avec ; et à quel train vous arriverez.
Quand à autre chôses, il n’y a rien de plus extraordinaire. Je me plait un peu mieux qu’au commencement mais ça n’enpêche, je n’y resterai pas longtemp car il y a trop de dépense en ville.
Je fait aussi toutes les semaines le voyage de Liège à Huy.
Je part le mardi avec le camion de marchandises je loge à Huy et je rarrive le mercredi soir à Liège.
Je suit toujour en bonne santé espérant que toutes la famille va bien aussi.
Au sujet de ma demande de service au Congo j’ai refuser.
Un de ses jours je vous enverrai un petit coli renfermant des essuiemains que j’ai acheté à la maison Wiser à Huy, à raison de 0f0 centimes pièces.
Seulement vous devrez les lavés je fini ma lettre car je suit fatigué.
En attendant de vos nouvelles.
Mes amitiées à toutes la familles.
Ton frère Henri. »

« Liège le 28 décembre 1903

Cher frère

Bien reçu ta lettre dâtée du 22 décembre et je suit très écoeuré de voir pareil chose chez vous, car d’après se que tu me di raconte c’est vraiment ca faute à lui qu’elle est morte, et elle se trouvent dans une position pareil était gènée de déclaré çela. Il est un fait certain vous n’y avez pas fait attention assez ni l’un ni l’autre, mais maintenant il est trop tard.
Quand au propositions que mon père ma faite de retourné à la maison ; j’ai réfléchi et je sai à l’avance que je ne m’y plairai plus. Donc ne compte plus sur moi et jusqu'à présent je vous ai remis le peu de mes économies, et tantôt je vois que je vai me trouvé avec rien donc ne me tourmenté pas, je ne suit pas tout les jours à la fête non plus.
J’avait acheté une boite de pillulles pour ma mère et pour ceux qui en on besoin et une boite de poudre pour l’enfant que vous recevrez un de ses jours ;
j’achèterai aussi une montre pour Michel, montre chemin de fer qui recevra également sous peu.
& comme on approche de la nouvelle année, je prend l’avance pour vous souhaité à tous une bonne et heureuse année qu’elle soit pour vous autres meilleurs que celle qui vient de s’écoulé.
Il est probable que je sera rapproché du pays d’ici au printemps je l’espère.
Je suit également en bonne santé espérant pareil chez vous.
Ton frère Henri.

Les journaux tu les recevra encore et plus souvent que d’abitude. »


Henri PAULIS changea d’avis et passa la visite médicale pour pouvoir partir au Congo.
Voici la lettre que lui adressa la Compagnie des Produits du Congo :

« Bruxelles le 27 septembre 1904,

Monsieur Henri Paulis chez Mr. Wisen, Rue de la Régence à Liège,

Comme suite à la visite médicale que vous avez passée chez le Docteur de notre Compagnie, nous avons l’honneur de vous faire savoir que nous sommes disposés à vous engager à notre service au Congo, en qualité d’éleveur, au traitement annuel de dix-huit cents (1800) francs et aux conditions générales de nos contrats d’engagement dont nous vous remettons, ci-joint, un specimen.
Veuillez noter que le voyage en mer s’effectue en deuxième classe.
Si ces conditions vous conviennent veuillez vous présenter en nos bureaux, le plus tôt possible pour signer votre contrat d’engagement et recevoir nos instructions relatives à votre embarquement à Anvers le 6 octobre prochain.
Agréez, Monsieur, l’assurance de notre considération distinguée.
L’administrateur-directeur Périer. »











Contrat d'engagement d'Henri PAULIS.










Itinéraire emprunté par le bateau.



Brochure qui accompagna Henri PAULIS.


« Remagne 30 septembre 1904

Monsieur H. Paulis,

J’ai bien reçu hier votre télégramme ; je regrette de ne pouvoir me rendre à Bruxelles aujourd’hui, mais j’y arriverai lundi par le train de 17h34m. au q.L.
Si vous êtes disponible, vous pourrez venir me prendre à la gare.
Il sera encore temps alors pour vous procurer bien des choses dont vous aurez besoin.
Ce qui presse, ce sont les chaussures et les vêtements.
Vous aurez besoin de deux paires au moins e fortes bottines de marche, une paire de bottes, des guêtres et des pantoufles. Il y a à Bruxelles, plusieurs maisons fabriquant des chaussures spécialement pour le Congo.
En fait de vêtements, il vous faut 3 costumes blancs pour vous habiller à l’occasion ; pour le travail, le mieux est de prendre des costumes en coutil bleu. En un mot, il vous faut toutes sortes de choses légères et solides. Les chemises doivent se boutonner sur la poitrine pour que le dos soit bien à l’abri des rayons du soleil.
Faites faire le tout assez large pour que vous soyez bien à l’aise.
Pour le reste, je serai à votre disposition lundi soir.
Au plaisir de vous rencontrer.
Agréez mes cordiales salutations.
Ar.Vincent. »




Facture pour les fournitures.



L'embarquement.



Détail: Henri PAULIS.

Le départ avait lieu à Anvers le 6 octobre 1904. La traversée prit 19 jours, la distance jusqu’à Boma (Congo) était de 10 000 km.





Le 23 décembre 1905, l’administrateur-directeur de la Compagnie PÉRIER, envoya un courrier à Jean PAULIS à Rogery. Il lui annonçait que par courrier du 20 novembre 1905, leur directeur en Afrique annonçait que la santé d’Henri PAULIS laissait à désirer ; qu’il comptait le renvoyer en Europe parle steamer « Léopoldville » qui devait arriver à Anvers vers le 2 janvier 1906.

Le 6 janvier 1906, PÉRIER annonçait à Jean PAULIS, que son fils ne s’était pas embarqué sur le steamer arrivé à Anvers le 30 décembre ; que par courrier le directeur en Afrique a fait savoir qu’Henri PAULIS était occupé à la construction d’une maison « ce qui implique que l’état de sa santé était redevenu satisfaisant ».


« Matéva le 10/3-1907

Cher Parents

J’ai reçu avec plaisir votre lettre du 19 Janvier
En retour je vous fait savoir que je suis toujour en bonne santé. Je suis même grossi depuis que je suis de retour.
J’ai apris par Antoine Ruth que mon père avait attrapé un froid mais j’espère qu’il est à présent bien rétabli et que toute la famille va bien.
Quand à moi je m’amûse très bien içi et suis content de mon sort.
Je crois déjà sous peu recevoir une augmentation.
Louis Putz de SalmChateau est aussi à la Cnie des Produits mais il est venu dans de malheureuses conditions, s’il doit rentré d’ici à un an il devra payé son tiket aller et retour, il est venu avec une maladie incurable, le siphilise n’en parlé pas chez nous, pour le moment il est en traitement à Boma.
J’aimerai de recevoir 8 ou 10 jambons bien secs et bien fumés. Si vous pouvez me faire cet envoi vous me ferez plaisir. Je vous enverrai le montant de la facture par la poste, après avoir reçu. Acheté le meilleurs marché posible et prené un bénéfise.
Ecrivé à Mr Périer administrateur de la Cnie des Produits 48 rue de Namur Bruxelles, en lui demandant ou vous pourriez les envoyé à Anvers pour que ça puisse venir avec le cargot de la Compagnie, de cette façon je ne payerai pas grand chose de port. Veuillez jiondre à la facture le montant des semences.
Les deux frères Marot vont rentré en Europe au mois d’avril et probablement irons vous rendre visite à Rogery.
Veuillez bien les reçevoir, à cette occasion je renverrai le pardessus à Joseph.
Pour le service, la besogne ne manque pas, le bétail est magnifique.
Quand à autre nouvelles c’est toujour la même chose içi il fait toujour très chaud et les petites canadas ni sont nin gros.
Toujour est il que j’ai gagné le plus beau poste de l’Ile.
Veuillez toujour m’écrire les nouvelles de chez vous et s’il y a des beau terrain à vendre et bin acheté.
Je termine ma lettre en vous souhaitant à tous une bonne santé.
Mes amitiés à Lampertz. Piter. Antoine. Emile. En somme à tout les amis.
En attendant de vos nouvelles je vous serre la main à tous et vous embrasse de tout cœur.
Votre fils dévoué
H. Paulis. »

« Rogery, le 18 avril 1907.
Cher Henri,

C’est avec un réel plaisir que j’ai reçu vos deux cartes-vues, je vous en remercie et vous prie de me pardonner ma coupable négligence de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Je n’étais pas bien fixé sur votre adresse que vous oubliez de me donner ; et je viens de l’apprendre par votre frère Joseph. Je me hâte de venir réparer le mal. Je n’ai cependant pas beaucoup de nouvelles à vous apprendre car je ne me soucie pas beaucoup de toutes les petites niaiseries qui occupent ici toutes les langues d’un village.
Rien de changé depuis votre départ. Aujourd’hui la température est descendue très bas je suis allé jusque Bovigny, j’ai vraiment eu froid, il a du reste neigé presque toute la journée. Je suis toujours en pension chez M. Schmitz.
Aujoud’hui ils ont eu Melle Amélie Grandjean pour battre à la machine. Figurez-vous qu’ils n’ont pas encore fixé ce travail, ni chez Jacob-Zinnen non plus malgré leur manège.
Vous avez appris à n’en pas douter la mort de Mr Victor Jacob.
J’ai trouvé votre dernière carte à ma rentrée après les vacances de Pâques qui se sont bien passées par un temps superbe. Ce qui m’a fait beaucoup travaillé au jardin aux prairies etc.
Les semailles vont leur train habituel et on avance déjà quelques uns parlent d’avoir fini dans quelques jours pourvu qu’il fasse beau.
A Harre c’est à peu près la même chose, je suis retourné samedi dernier et revenu lundi matin en vélo, ce qui m’a je crois fait gagner un gros rhume.
Je suis sûr qu’au Congo la température est un peu plus élevée et ne vous permettrait pas de nous refroidir en cinq minutes. Comme il est presque 23 heures je m’arrête pour aujourd’hui. La suite à demain sans doute, si le temps le permet.

Vendredi 19 avril. Il a neigé presque toute la journée comme à Noël et malgré cela tout le monde court à la campagne planter, semer et que sais-je encore ?
Votre père va relativement très bien ces jours-ci. Il circule les outils sur l’épaule, et trouve beaucoup de plaisir à résister mieux au froid que ses deux fils Joseph et Michel.
Ils ont je crois fini leurs travaux chez vos parents et se disposent à venir aider chez Jacob Zinnen.
Ce sont vraiment des travailleurs extraordinaires.

Après un jour de paresse je reprends la plume ce lundi 22-4-
Rien de nouveau depuis vendredi : Hier on a fait ici la 1ere communion des enfants.
A cette occasion, Mr le curé de Commanster est venu prêché au salut puis j’étais invité au souper chez M. le curé, naturellement je n’ai pas refusé et nous avons passé une assez agréable soirée ; arrosée comme vous comprenez à la mode de chez nous. Enfin vers 10 h nous avons reconduit M. le curé de Commanster jusque bien avant dans le bois et à la vérité je crois qu’on levait les jambes un peu plus haut que d’habitude car on est trop peu habitué à lever la main pour vider…
Et au Congo comment cela va-t-il ?
Toujours bien j’espère.
Ne vous arrive-t-il pas encore de temps à autre une ou l’autre aventure curieuse, comme le Congo seul peut en fournir.
Enfin vous savez probablement aussi que Me Benoit est malade depuis 5 ou 6 semaines et que Me Célestin Jacob l’est aussi depuis plusieurs jours.
Je termine en vous souhaitant une bonne santé, une parfaite réussite là-bas et un heureux retour dès que votre terme sera expiré afin de venir encore un peu revoir et admirer la Belle Melle Amélie que j’ai le bonheur d’avoir sous les yeux presque toute la journée par les fenêtres de l’école. A la voir on soupçonne que son cœur vous suit là-bas pas à pas et qu’elle vit dans une attente anxieuse mais patiente cependant réconfortée sans doute par les doux messages qui lui arrivent d’Outre-mer.
Enfin cher henri bonne réussite dans vos entreprises et bonne santé toujours voilà ce que vous souhaite votre tout dévoué Jules Verdag.
P.S. Monsieur Schmitz et toute la famille me prie de vous faire mille compliments et de vous exprimer aussi leur meilleurs vœux. »

L’administrateur PÉRIER transmit une terrible nouvelle à Joseph PAULIS le 11 juin 1908, le directeur au Congo venait de lui apprendre les circonstances du décès de son frère Henri PAULIS…

Henri PAULIS employé à la Compagnie des « Produits du Congo », mourut à Boma (Congo Belge) le 16 mai 1908, âgé de 33 ans, après avoir contracté la malaria.



Acte de décès d'Henri PAULIS, extrait de l'état-civil de Bovigny (photographie Georges ANTOINE).




Souvenir mortuaire d'Henri PAULIS.

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Archives de Marie-Jeanne GROMMERSCH.
EC. Bovigny.

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