lundi 20 juillet 2009

Incident survenu à Rogery, lors de la première guerre mondiale.

Article du curé SIMON (†)

Depuis le 5 août [1914], les Allemands avaient fait leur entrée par Beho, mais jusqu’au 9, nous n’avions vu que quelques éclaireurs quand, le 10 août, vers 9 heures, le 94e saxon (5e de Thuringe) s’installa au village pour ne partir que le 13 au matin. J’avais au presbytère le major von der LEYEN, son aide de camp, le lieutenant Ferdinand Prinz zu SOLMS-HOHENSOLMS-LICH, et le Hauptmann von GRIESHEIM. Ils furent convenanbles et me dirent, dans leurs conversations, qu’ils venaient en amis, pour nous défendre contre les Français, qui avaient envahi la Belgique.
Le 12 août, von der LEYEN fit apporter au presbytère les armes du village. Quand le 94e partit, j’accompagnai jusque Cierreux ma sœur qui se rendait à Vielsalm.
Rentré au village, près de l’église, je fus arrêté par de nouvelles troupes qui venaient d’arriver, le 96e saxon (7e de Thuringe). Je vis défiler les soldats, très excités et qui témoignaient leur joie de mon arrestation. On m’accusait d’être un espion, de savoir l’allemand, mais de feindre de l’ignorer. Je fus mené dans un champ au-dessus du village, où le major entra en fureur à cause du dépôt d’armes trouvé au presbytère !
Il me mit le revolver à la tête, me menaçant de me tuer.
Les officiers prétendaient aussi qu’on avait tiré sur eux à Rogery, de même qu’à Beho et qu’on avait coupé leur fil téléphonique.
Je fus ramené au presbytère et gardé sévèrement.
Le soir, ma sœur rentra, mais défense de me voir. Je pus cependant la mettre au courant des faits.
Le lendemain, 14 août, elle se mit en route au point du jour à la recherche du 94e. à 6 heures du matin, elle le rencontra à Ottré ; le major von der LEYEN lui remit une attestation qui, dès 8 heures, fut exhibée au commandant du 96e.
Il ne fut plus question de me fusiller, mais je fus retenu prisonnier. Ils partirent le 15 août ; j’avais reçu au presbytère le major von PRINTZ, le Hauptmann BOELTIGER et le lieutenant RAEHLMANN. Le 18 août, il passa des troupes du 167e (1 ober-elsäss) ; le 19, des troupes du 23e régiment des pionniers.

____________________________________________________

J.SCHMITZ/ N.NIEUWLAND « Documents pour servir à l’histoire de l’invasion allemande dans les provinces de Namur et de Luxembourg », 1ère partie, 1922, pp. 19-20.

Aucun commentaire: