Aux environs de Bovigny, aux concessions, se trouve un second établissement
de pisciculture, créé et dirigé par M. le baron Oscar du Mesnil. Cet établissement
a été construit au mois d'août 1886. Il se compose d'un rez-de-chaussée
comprenant une salle d'éclosion d'environ 7 m. de côté et, contigu à celle-ci, mais avec entrée particulière,
un petit logement pour l'ouvrier ou garde.
Le tout est surmonté d'un grenier. L'établissement est alimenté par
quatre sources placées à 150 mètres de la salle
d'éclosion. L'eau de ces sources
est amenée à l'établissement par une conduite en bois présentant une pente
d'environ 4%. Le débit des sources est
de 19 à 20 litres par minute et la température de l'eau de + 4° à + 5°. Les appareils d'éclosion sont des couvoirs californiens,
système Max Von dem Born. La salle d'éclosion
en renferme 120 disposés en gradins :
une quadruple rangée au centre et une double rangée à droite et à gauche. Ces appareils ont été fabriqués par M. Heer, Jean-Baptiste,
ferblantier à Ettelbrück (G.-D. de
Luxembourg).
Ils consistent en trois caisses métalliques de grandeur décroissante,
s'emboîtant de manière à communiquer avec un même tuyau de décharge. Celle du milieu a 0m3o de long,
om25 de large et om15 de haut. Le fond est formé par une toile métallique assez
fine pour retenir les œufs et les jeunes poissons. La grande caisse extérieure
a om40 de long, om33 de haut et om25 de large. La plus petite qui sert de tamis
pour retenir les alevins n'a qu'une longueur et une hauteur de om10. L'eau
tombe dans la grande caisse, traverse de bas en haut les toiles métalliques et
s'échappe par les tuyaux concentriques qui s'emboitent les uns dans les autres (Les poissons d'eau
douce, par Émile Gens). Tout les appareils sont en zinc; ils coùtent 10 frs. pièce.
A côté de l'établissement de M. le baron du Mesnil existent de grands étangs
clans lesquels sont élevées des truites de forte taille qui donnent une partie
des œufs et la laitance nécessaire à la multiplication de ce salmonide. Le
surplus de la provision annuelle est récolté clans les eaux de la Sûre et
de l'Our.
En ce qui concerne le saumon, les agents de M. le baron du Mesnil le
reproduisent à l'aide d'œufs achetés dans le Grand-Duché de Luxembourg et fécondés
à Bovigny, tantôt avec de la laitance de saumon, tantôt avec de la laitance de
truite. Dans ce dernier cas, ils obtiennent la truite salmonidée, qui a
l'avantage de croitre beaucoup plus rapidement que la truite ordinaire, de
prendre des proportions plus fortes et de ne plus retourner à l'Océan.
La fécondation de l'une et l'autre espèce se fait au moyen de la méthode
dite : « sèche » ou « russe », et la perte en œufs qui résulte
de cette opération est d'environ 10%. L'établissement de Bovigny produit en
moyenne et par an 500 000 alevins, dont une partie est livrée au commerce, une
partie sert à repeupler les étangs annexés a la piscifacture et le restant est
déversé dans la Salm et ses affluents.
Annales de
l'Institut Archéologique du Luxembourg. Année 1889. Tome 21.
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