Primitivement, Rogery faisait partie de la paroisse de Mont-Saint-Martin. Par suite de la disparition de ce village au XIVe siècle, les offices religieux étaient célébrés dans la chapelle de Bovigny.
Toutefois, le transfert officiel du siège curial de Mont Saint-Martin à Bovigny ne fut reconnu par l'autorité diocésaine qu'à la suite de la visite archidiaconale du 7 juillet 1716. Le comte de Salm, propriétaire de la terre, fut reconnu comme collateur de la nouvelle paroisse (1).
Le 14 juin 1717, les habitants de Rogery souhaitaient voir le siège paroissial de Mont-Saint-Martin (dont l’église était en ruines et éloignée) transféré à Bovigny, avec les mêmes obligations qu’à Mont-Saint-Martin (payement de la dîme). Ils firent la promesse de donner chacun 2 écus et de prêter main forte à la construction d’une nouvelle tour, avec les matériaux de Mont-Saint-Martin (2).
Le 30 janvier 1714, les habitants de Rogery, étant dans l'intention de faire construire une chapelle dans le village, pour "que les vieilles gens puissent avoir la messe" et "pour faire instruire leurs enfants par un marguelier". Ils firent donation d'une série de terres pour assurer la fondation de l'édifice.
Le 31 janvier 1714, devant notaire, les communs habitants de Rogery déclarèrent qu’ils avaient l’intention de faire ériger une chapelle, « pour leur plus grande facilité », sans vouloir se soustraire aux charges qu’ils avaient envers l’église paroissiale de Bovigny et son presbytère, non plus qu’aux droits du pasteur de Bovigny. Le vicaire devait être désigné par le curé de Bovigny, il devait célébrer une messe pour les défunts tous les lundi, quatre messes annuelles pour les bienfaiteurs de la chapelle, une messe annuelle au mois d’octobre à l’intention d’Anne du Chêne, qui avait fourni l’emplacement de la chapelle et de la maison vicariale.
Les messes devaient être célébrées de bon matin, afin de ne pas empêcher les paroissiens d’entendre la messe à Bovigny.
Les offices des jours de fêtes religieuses devaient être célébrés à Bovigny.
En outre, le vicaire était obligé de tenir l’école et d’enseigner les enfants de la Toussaint jusqu’à Pâques. Afin d’assurer sa subsistance, chacun des 33 ménages devaient lui fournir annuellement 1 setier de seigle, 1 d’avoine, 1 pain à Noël, ½ quarteron d’œufs à Pâques, 2 livres de beurre en mai, ½ escalin par enfant et par mois pour l’école, 1 plaquette pour l’achat du vin de messe. Le voiturage gratuit du bois de chauffage et le logement par les habitants.
Ce qui fut octroyé officiellement en 1722, par l’évêque de Liège Joseph Clemens (3).
La chapelle, consacrée à St-Eloi, fut bénie le 19 août 1721 (4).
Les habitants de Rogery préférant se rendre, les jours de fête, dans d’autres églises ou chapelles que l’église de Bovigny, le vicaire Jean Vincentius introduisit une requête à l’évêché en 1723, afin de pouvoir célébrer une partie de ces messes. Cette requête est probablement restée sans réponse, puisque le curé de Bovigny la réitèra, déclarant qu’aux fêtes de Pâques, Pentecôte et Toussaint, les habitants pouvaient se rendre à Bovigny avec plus de facilités qu’en toute autre saison, car les jours sont plus longs qu’en hiver. Le village de Rogery étant distant de trois quarts d’heures de la paroisse de Bovigny, les habitants qui assistaient à la messe basse ne pouvaient être de retour au village à temps pour renvoyer les autres à la grand-messe, sans courir le risque de laisser cambrioler leurs maisons. De plus, entre le village et l’église paroissiale, il existe une rivière qui déborde de temps en temps, si bien qu’à la fête de Noël en 1723, une jeune femme en route pour la messe a faillit y perdre la vie (5).
Le vicaire général de Liège accorda l’autorisation aux habitants de Rogery, en 1724 (6).
A noter que les services religieux tels que baptêmes, mariages et inhumations s’effectuèrent généralement à Bovigny. Lors d'un mariage, les futurs époux devaient donner au curé de Bovigny: 2 pains et 19 oeufs; et à son vicaire: 1 stier d'avoine et 1 pain (7)
Le 24 avril 1800, vers minuit, la foudre s’abattit sur la chapelle de Rogery. La tour fut brisée et abattue, une partie de la toiture fut emportée, la muraille du côté Nord était fendue de haut en bas. La porte fut emportée, plusieurs fenêtres brisées, le parvis était tout disloqué.
La chapelle fut réparée la même année (8).
Le 29 octobre 1839, Rogery fut érigé en paroisse indépendante, par l’évêque de Liège(9).
La section de Rogery qui était arrivée après Courtil, Cierreux et Halconreux pour la possession d'une chapelle, allait les devancer sous le rapport de son érection en paroisse. C'est en 1839 que la scission d'avec l'église mère se fit. Le fait que le révérend pasteur, Mr DEBRA, assista à l'installation du nouveau curé, nous laisse supposer que la chose eut lieu avec son consentement. Les circonstances de ce démembrement sont consignées dans un Répertoire des faits dignes d'être rappelés au souvenir des habitants du village de Rogery, commune de Bovigny, lequel a été rédigé par Jean-Pierre CONSTANT, le premier pasteur de la jeune émancipée.
En voici le texte:
« La chapelle qui ci-devant était annexée à la succursale de Bovigny a été, par Monseigneur Van Bommel, Evêque du diocèse de Liège, déclarée indépendante et érigée en cure épiscopale; le village seul de Rogery, qui est composé de 57 maisons, lui est adscrit.
Ce fut en 1839 que les habitants de cet endroit, espérant obtenir de la bienveillance de Monseigneur leur indépendance, préparèrent la place attenant à la chapelle pour en faire ensuite un cimetière.
Ce fut cette même année que Monseigneur Corneil Richard Van Bommel, Evêque, leur envoya un prêtre chargé d'y remplir toutes les fonctions pastorales comme il apparaît par sa lettre patente.
Ce fut le 12 novembre que, quoique très indigne, je fus mis en possession de cette nouvelle église auxiliaire, par Mr Paquay, Doyen de Vielsalm. Fasse au Ciel que ce soit pour mon salut.
Ce même jour, le cimetière fut béni.
Les copies de la lettre épiscopale qui me nomme et du procès-verbal qui m'installe sont conservées aux archives et insérées à la suite du présent Mémoire, par ordre des autorités supérieures en témoignage de l'érection de cette chapelle en église auxiliaire et de son indépendance vis-à-vis de la succursale de Bovigny.
Les témoins lors de mon installation furent H. J. Debra, curé de Bovigny, et G. J. Tigny, curé de Salmchâteau. » (9 b)
Par séance du 2 juin 1840, vu la demande faite par les habitants de Rogery d’obtenir la séparation de leur chapelle quant au temporel de l’église de Bovigny, considérant que la séparation spirituelle existait. Le conseil communal de Bovigny accepta la séparation (10).
(photographie de Georges ANTOINE)
La paroisse de Rogery est pleine de promesses et l'accroissement du nombre de ses habitants se maintient. Déjà, en 1874, l'outillage du début fut jugé insuffisant. On construisit alors une nouvelle église, une école, un presbytère et le cimetière fut agrandi.(10 b)
L’église fut agrandie d’un mètre de chaque côté, en 1874, elle empiétait désormais sur le presbytère, qui fut reconstruit de l’autre côté du chemin vicinal, la même année, sur le terrain nommé le "tchèsa" (11).
En séance du 28 mai 1874 : le Conseil communal de Bovigny constate qu’en exécutant les travaux de restauration de l’église de Rogery tels qu’ils ont été adjugés le 28 octobre 1873 que la symétrie de l’église laisserait beaucoup à désirer et que l’église serait trop exigüe et devrait être agrandie eu égard à l’accroissement de la population. Il est dès lors décidé d’élargir d’un mètre de chaque côté le corps de l’église jusqu’au chœur. En allongeant également le chœur d’un mètre, la dépense ne s’élèvera que de 5000 à 5500 francs. L’entrepreneur consent suivant compromis passé avec lui à exécuter tous les travaux supplémentaires au prix de sa première adjudication.(12)
Séance du 23 juin 1875 : Lors de la démolition de la nef de l’église, on a constaté que les murs du chœur sont lézardés et qu’il serait prudent de reconstruire à neuf toutes ces parties défectueuses du chœur.(12)
Séance du 26 mai 1877 : Projet d’aliénation au lieu-dit « Déronster » de 50 ha 45 a 60 ca du bois communal de la section de Rogery estimé à 22 037,16 francs. Ces fonds serviront pour couvrir les dépenses nécessaires à l’achèvement et à l’ameublement de l’église, à l’ouverture de deux chemins et au boisement des terrains incultes.(12)
Séance du 18 septembre 1879 : Le procès verbal de réception des travaux de l’église de Rogery rédigé par Mr l’architecte VANDEWYNGART s’élève à 23663,85 francs et les honoraires de l’architecte à 677,73 francs.(12)
Séance du 20 novembre 1880 : LECOQ Pierre-Henri, entrepreneur des travaux de construction de l’église et du presbytère de Rogery, réclame 2 300 francs qui lui ont été retenus en garantie des travaux ainsi que 690 francs d’intérêts. (12)
Quelques chiffres:
Ces bâtiments furent restaurés en 1925-1926 (13).
Séance du 12 septembre 1938 : La restauration du clocher de l’église (13 000 francs) sera couverte par le disponible de la section et la recette d’une vente de bois extraordinaire (12).
Séance du 27 octobre 1947 : la restauration de l’église de Rogery (dégâts causés par faits de guerre) se monte à 193 657 francs (12).
Séance du 8 juillet 1967 : les travaux de restauration, de modernisation et d’agrandissement de l’église s’élèvent à 808 786 francs taxes comprises (12).
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(1) D. GUILLEAUME "L'Archidiaconé d'Ardenne dans l'ancien diocèse de Liège", Liège, 1913, pp. 116/117.
(2) archives paroissiales de Bovigny.
(3) O. GRANDJEAN, manuscrit.
(4) Idem.
(5) Idem.
(6) Idem.
(7) AEA. Tabelles cadastrales de Rogery.
(8) archives paroissiales de Rogery.
(9) O. GRANDJEAN, manuscrit.
(9 b)Texte de Georges ANTOINE, d'après les archives paroissiales.
(10) AC. Bovigny. Délibérations du Conseil Commnal de Bovigny (renseignement de Georges ANTOINE).
(10 b) Texte de Georges ANTOINE, d'après les archives paroissiales.
(11) O. GRANDJEAN, manuscrit.
(12) Texte de Georges ANTOINE, d'après les registres aux délibérations du conseil communal de Bovigny.
(13) A. SIMONET/J.-M. CAPRASSE "Inventaire archéologique de l'arrondissement de Bastogne, des origines au XIXe siècle" tome V, Le Canton de Vielsalm, 1976, p.58.
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