samedi 21 avril 2012

Les ceux de chez nous L’HOMME-OISEAU



Il vous est à coup sûr arrivé lors des belles soirées d’été d’avoir votre attention attirée par un bruit de moteur dans les airs : vous levez les yeux et vous voyez apparaître une grande voile de couleur à laquelle est suspendu un homme avec une hélice dans le dos. Quel bonheur pensez-vous de se mouvoir tout là-haut en toute liberté et d’admirer le paysage comme le font les oiseaux. Quelle témérité aussi de voyager ainsi suspendu à un mouchoir de poche ! Bienheureux en tout cas ce pratiquant du paramoteur, en l’occurrence Jean-François Jacob, à moins qu’il ne s’agisse de John Mathen ou de Philippe Choque ou d’un autre venu de Manhay : ils sont parfois deux ou trois à organiser un ballet aérien.

Jean-François Jacob fait partie de cette famille Jacob solidement ancrée à Rogery depuis des siècles, est marié, a un enfant et est le directeur du Centre fermé de Vottem. En cette qualité, il doit notamment recevoir les médias qui s’intéressent à cette institution et a donc rédigé sur celle-ci une quantité d’articles et de rapports pour préparer la tâche des journalistes. Depuis 9 ans maintenant il est un adepte des ultra-légers motorisés puisqu’il a piloté des U.L.M. à différents endroits mais s’est spécialisé depuis dans le PARAMOTEUR, plus léger encore que l’ultra-léger. Son équipement complet pèse en effet de 25 à 30kg et comprend un petit siège, un moteur de 175 cm3 et 25CV, l’hélice et la voile spécifique faite de deux couches et de 20 caissons d’une surface de 30 m2 . Le coût d’un tel équipement est semblable à celui d’une moto de route avec les équipements. Ici, en fait d’équipement, il faut ajouter un casque et une radio pour converser soit avec l’épouse restant à la maison, soit avec ceux avec qui on vole. Au point de vue effort physique, ce sont les jambes qui fournissent l’effort principal au décollage : il faut en effet courir avec tout l’équipement de +/-30 kg sur le dos. Pour le reste ce sont les bras tendus vers le haut qui interviennent pour commander la voile. Contrairement à un U.L.M. qui a besoin de certaines installations, le décollage se fait n’importe où en tenant compte de l’orientation du vent dont la vitesse ne peut excéder 25km/h et sans rafales, principalement le matin ou le soir, comme pour les montgolfières. Certains disposent d’un appareil sur chariot mais le décollage ne peut alors se faire dans les hautes herbes ou sur terrain irrégulier et le tout est évidemment plus encombrant et plus cher. La vitesse peut atteindre les 60 km/h et l’autonomie est de 2 à 3,5 heures. Ainsi, il arrive à Jean-François d’aller rendre visite à un ami à Saint-Hubert près de chez qui il atterrit. Après le repas pris avec celui-ci, redécollage et retour vers Rogery ! Jean-François Jacob possède son brevet de pilote, théorique et pratique, mais ce n’est pas obligatoire pour voler en paramoteur. Il y a un règlement à respecter (zones interdites ou contrôlées comme les domaines militaires ou les aéroports), une altitude maximale de 800 m au-dessus du niveau de la mer donc +/- 350 m dans la région, pas d’autorisation ni d’immatriculation pour l’instant mais ça ne saurait tarder. Pour son usage personnel il tient un carnet de vol : actuellement il compte plus de 450 heures de vol avec l’U.L.M. et le parachutisme qu’il a pratiqué auparavant. Quelques petits pépins ont émaillé ses 9 années de vol, un peu de casse aussi pour avoir mal évalué la vitesse, mais vraiment rien de grave. Il a toutefois été dernièrement et à son corps défendant l’objet de la sollicitude des services de secours. Revenant du Grand-Duché vers 21 h, il volait en rase-mottes en remontant vers Beho, s’élevant pour franchir une zone boisée puis redescendant très bas tout de suite après celle-ci. Un automobiliste l’ayant vu faire cette manœuvre a imaginé que c’était un parachutiste qui se crashait et a alerté police et pompiers qui ont fouillé toute la zone, en vain évidemment. Un hélicoptère fut même dépêché depuis Melsbroek. Après plusieurs heures de recherche, un pompier eut l’idée de téléphoner à Jean-François et après plusieurs échanges d’informations, les services de secours se rendirent compte de leur bévue ! Ajoutons encore que Jean-François vole parfois derrière les oiseaux : les grues sont trop rapides pour lui mais les milans conviennent bien à un vol de concert. Un peu à l’image du magnifique film L’envolée sauvage.
Robert NIZET

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